vendredi 10 octobre 2014

Contrecoups de Nathan Filer

350 pages
28 août 2014
Editions Michel Lafon


" Je vais vous raconter ce qui s'est passé, parce que ce sera un bon moyen de vous présenter mon frère. Il s'appelle Simon. Je pense que vous allez l'aimer. Vraiment. Mais dans quelques pages il sera mort. Et il n'a plus jamais été le même après ça. " Matthew a 19 ans, et c'est un jeune homme hanté. Hanté par la mort de son grand frère, lors de vacances à la mer, dix ans auparavant. Hanté par la culpabilité. Hanté par la voix de Simon qu'il entend partout, tout le temps : dans le bruissement des feuilles des arbres, dans le crépitement des bougies d'anniversaire, dans le murmure de la marée... Dernier lien qui l'unit au frère disparu pour Matthew ; " hallucinations de commande ", disent les médecins. Matthew a 19 ans et il souffre de schizophrénie, une maladie qui " ressemble à un serpent ". Pour comprendre son passé et s'en libérer enfin, Matthew écrit, dessine, jette ses pensées sur le papier, tente de remonter le fil du temps. Il raconte l'enfance étouffée par la perte, la douleur silencieuse de ses parents ; l'adolescence ingrate brouillée par les nuages de marijuana ; la lente descente dans la folie, l'internement... Mais aussi, avec un humour mordant, le quotidien parfois absurde et toujours répétitif de l'hôpital psychiatrique – " Je vis une vie faite de copiés-collés ", les soignants débordés mais qui font de leur mieux, l'ennui abyssal : " il n'y a littéralement rien à faire "... Et le combat sans cesse renouvelé pour apprivoiser la maladie, et trouver enfin sa place dans le monde. Bouleversant, tourmenté, souvent drôle, Contrecoup est avant tout baigné d'une profonde humanité. C'est un roman déchirant, tendre et courageux, porté par une voix absolument unique.


Voilà un bel exercice que nous offre l'auteur. Nous entrons dans la peau et l'âme d'un pauvre jeune schizophrène. La façon d'écrire de Nathan Filler est rudement travaillée, tout est amené selon le bon vouloir des souvenirs du narrateur et permet au lecteur de ne pas vouloir en rater une miette !

J'ai profondément aimé et été touchée par cette histoire, par les émotions qui ressorte de Matthew, notre malade. Après avoir perdu son frère, il ne cessera de se reprocher sa mort, mais tout ne lui revient que par bribes et selon les bons vouloirs de sa mémoire perturbée. Il voit sa mère totalement anéantie, encore et encore. Son personnage est très travaillé, on ressent l'expérience de l'auteur face à cette écriture périlleuse. Son petit frère, raconté par lui-même du début à la fin, ne peut qu'émouvoir le lecteur.

Le livre a une longueur tout à fait convenable, il n'était pas la peine d'en ajouter. Il est très complet et addictif. Il m'a vraiment beaucoup plu. Contrecoups est un très beau livre sur un sujet difficile et il me donne l'envie de suivre l'auteur.

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