jeudi 10 avril 2014

La vacation de Martin Winckler

224 pages
6 mars 2014
Folio


Faiseur d'anges, avorteur, "ivégiste" ? Comment désigner le docteur Sachs, quand, chaque mardi, il quitte son cabinet de campagne, ses patients habituels et leur cohorte de petits maux, pour la ville, ses patientes qui défilent, et leur seul mal : une grossesse indésirable ? Lui-même ne sait pas comment dire, d'ailleurs il n'a personne à qui en parler. Or, il aurait bien besoin de quelqu'un qui l'écoute raconter la souffrance de son travail, celle des femmes en face de lui, mais la sienne aussi, la violence de cet acte qui n'est jamais anodin. Une oreille attentive, avec qui dépasser le langage clinique, rassurant, propre, qu'il sert à chaque patiente, mais tellement loin de ce qu'il ressent... Quelqu'un qui soit prêt à entendre ses vrais mots : un lecteur, peut-être ? Un texte poignant, une écriture à vif, à lire comme le contrepoint sombre de La Maladie de Sachs, le roman qui fit connaître Martin Winckler au grand public et qui obtint le prix du Livre Inter en 1999.


Voici un récit troublant, résolument à ne pas mettre entre toutes les mains. Et pourtant… Etant actuellement enceinte, mon entourage était surpris que j’aie envie de le lire. Un médecin qui parle d’avortements durant 200 pages, ce n’était soi-disant pas le moment. Mais je vous assure que j’ai tenu le coup, même si ces histoires sont tristes ou déchirantes, à différents niveaux.

Ceci est mon premier roman de Martin Winckler. Je possède déjà La maladie de Sachs mais je n’ai pas encore pris le temps de le lire. Et les Editions Folio m’ont proposé de lire La vacation. Et au vu du résumé, je ne pouvais pas passer à côté. Je suis touchée par tout ce qui entoure la maternité, que ce soit du positif ou du négatif.

La vacation est le premier roman de l’auteur. Il met en scène Bruno Sachs, médecin généraliste, lors d’IVG avec des histoires, des causes différentes à chaque fois. La narration est faite étrangement. Il ne s’agit pas d’un récit à la troisième personne du singulier, ni à la première, mais à la deuxième. Tout le long le narrateur parlera du Dr Sachs en utilisant le « tu ». On entre dans sa tête, on connaît ses impressions, ses pensées directes, les officieuses (décrites entre parenthèses) et les officielles.

La transposition écrite est d’ailleurs très originale. J’avoue m’y être souvent perdue. Il y a des paragraphes qui se suivent entre deux parenthèses, et cela m’a souvent fait perdre le fil. Ce serait la seule chose que je reprocherais à ce roman. Tout le reste est intéressant, bien raconté, et il fait partie des romans que j’ai préférés traitant ce thème.

Ces 200 pages ne pourront laisser personne indifférent, tellement le thème est un passage difficile lorsque l’on y est confronté, ou en se glissant dans la peau des patientes. Même si c’est un sujet encore dans tous les débats, je trouve que cet écrit apporte beaucoup. Il est établi par un professionnel qui nous fait entrer dans son quotidien et raconte en parallèle son envie d’écrire un livre sur ce qu’il fait, et le regard des autres suite à sa publication. A lire, sans conteste.

Je remercie vivement les Editions Folio d'avoir rendu cette lecture possible. Belle découverte.

2 commentaires:

  1. J'ai Le choeur des femmes de l'auteur dans ma pal, si j'aime je lirais peut-être celui-ci

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  2. Oh ça a l'ai super dur comme lecture... Tu penses que j'aimerais ?

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