364 pages
20 janvier 1978
Folio
D'une facture romanesque relativement classique, l'ancrage des personnages de ce roman dans le réel préfigure cependant cette "écriture de l'indicible" qui marquera plus tard la singularité de l'écrivain. "Un barrage contre le Pacifique" inaugure une série de romans d'inspiration autobiographique ayant pour cadre le Vietnam. Le récit s'articule autour du personnage de la mère, une femme qui, dans sa lutte contre la misère, brave à s'en rendre folle les obstacles infranchissables qui se présentent à elle. À l'image du titre, les ambitions, aussi nobles soient-elles, ne peuvent être que démesurées et toute tentative s'avère inéluctablement vouée à l'échec. Lorsque tout finit par être rongé, sali, violé, c'est aller au-delà de la souffrance, au-delà du pathétique. Car la douleur est sans fond, la perte est définitive, aucune trace de compassion dans ce roman de l'irrémédiable. Une œuvre qui n'émeut pas mais qui bouleverse, parce qu'elle exprime le réel à l'état brut dans la trivialité de la concupiscence, dans la perte de toute émotion, dans l'acharnement à vouloir survivre malgré les autres.
Une mère qui n’a pas froid aux yeux fera tout pour préserver
ses deux enfants, Joseph et Suzanne, âgés de 20 et 16 ans, jusqu’à en devenir
extrême. Elle cherchera sans cesse un moyen de construire un barrage contre l’Océan
Pacifique pour que ses récoltes puissent tenir le coup, mais ce sera toujours
peine perdue.
L’histoire prend place au Vietnam, et se définit en partie
autobiographique. Marguerite Duras nous raconte ce désespoir et cet entêtement
à tout vouloir contrôler, quitte à se servir de ses propres enfants pour
arriver à ses fins.
Ce roman est brut de sentiments, l’analyse des extrêmes de l’être
humain est bien présente, et il ne faut pas être réticent au style d’écriture
de l’auteur : cru, poussé. Ce fut mon deuxième roman d’elle. Je gardais un
assez bon souvenir de L’Amant, et je voulais réitérer avec Un barrage contre le
Pacifique, en suivant beaucoup d’avis positifs. Il m’aura fallu près d’une
semaine entière pour en venir à bout. Le début était lent, l’entrée en matière
n’était pas évidente, et je me suis souvent sentie baisser les bras. Mais ce
roman est somme toute très intéressant, surtout au point de vue des relations
humaines.
Je l'avais lu en seconde, et j'avais vraiment eu du mal...
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