mardi 6 mai 2014

Un barrage contre le Pacifique de Marguerite Duras

364 pages
20 janvier 1978
Folio


D'une facture romanesque relativement classique, l'ancrage des personnages de ce roman dans le réel préfigure cependant cette "écriture de l'indicible" qui marquera plus tard la singularité de l'écrivain. "Un barrage contre le Pacifique" inaugure une série de romans d'inspiration autobiographique ayant pour cadre le Vietnam. Le récit s'articule autour du personnage de la mère, une femme qui, dans sa lutte contre la misère, brave à s'en rendre folle les obstacles infranchissables qui se présentent à elle. À l'image du titre, les ambitions, aussi nobles soient-elles, ne peuvent être que démesurées et toute tentative s'avère inéluctablement vouée à l'échec. Lorsque tout finit par être rongé, sali, violé, c'est aller au-delà de la souffrance, au-delà du pathétique. Car la douleur est sans fond, la perte est définitive, aucune trace de compassion dans ce roman de l'irrémédiable. Une œuvre qui n'émeut pas mais qui bouleverse, parce qu'elle exprime le réel à l'état brut dans la trivialité de la concupiscence, dans la perte de toute émotion, dans l'acharnement à vouloir survivre malgré les autres.


Une mère qui n’a pas froid aux yeux fera tout pour préserver ses deux enfants, Joseph et Suzanne, âgés de 20 et 16 ans, jusqu’à en devenir extrême. Elle cherchera sans cesse un moyen de construire un barrage contre l’Océan Pacifique pour que ses récoltes puissent tenir le coup, mais ce sera toujours peine perdue.

L’histoire prend place au Vietnam, et se définit en partie autobiographique. Marguerite Duras nous raconte ce désespoir et cet entêtement à tout vouloir contrôler, quitte à se servir de ses propres enfants pour arriver à ses fins.

Ce roman est brut de sentiments, l’analyse des extrêmes de l’être humain est bien présente, et il ne faut pas être réticent au style d’écriture de l’auteur : cru, poussé. Ce fut mon deuxième roman d’elle. Je gardais un assez bon souvenir de L’Amant, et je voulais réitérer avec Un barrage contre le Pacifique, en suivant beaucoup d’avis positifs. Il m’aura fallu près d’une semaine entière pour en venir à bout. Le début était lent, l’entrée en matière n’était pas évidente, et je me suis souvent sentie baisser les bras. Mais ce roman est somme toute très intéressant, surtout au point de vue des relations humaines.


1 commentaire: